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Le Temps qui passe...... Famille Pascaut/Bourcy
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5 juillet 2020

3 - Qui est mon sosa 2 : Adrien Pascaut comme je l'ai connu.

 

Adrien Pascaut mon Grand-Père, le premier homme de ma vie à qui je dois beaucoup de choses. Un homme sensible, intelligent, courageux, créatif, fort caractère, forte personnalité, un homme du partage. En un mot un Homme bien.

Adrien 60 ans 2

L'homme tel que je m'en souviens.

Il est Né en 1894 le 20 février. Adrien est le premier enfant de la famille arrivé après 10 ans de mariage de ses parents. Avant de partir à l'armée, il apprendra le métier de Serrurier chez Monsieur Mullier à St. Just en Chaussée. C'ést un jeune homme très indépendant qui a beaucoup de mal avec l'autorité d'un supérieur. Il est très proche de sa sœur Fernande et de l’un de ses cousins Marcel Devillers.

Adrien Fernande 1915

Jeune homme, il aime faire du vélo et n’hésite pas, certains dimanches d’été à relier les plages picardes avec sa vieille bécane pas très confortable, seul ou accompagné, parfois d’un ou deux copains, un bon bain sur la plage du Tréport, rien de tel pour effacer les marques de fatigue et refaire le soir le retour en sens inverse. Le Tréport à 150 kilomètres  n’avait plus de secrets pour lui, ni toutes les petites routes empruntées, il sait nous dire qu’à partir de Forge les Eaux, il vaut mieux prendre la vallée de la Bresles que la route plus directe.Celle-ci est plus romantique et bucolique, la vallée de la Bresles ressemble à la Suisse, c’est pourquoi elle s’appelle : La Suisse normande.

 Bicyclette ancienne d'homme - années 1910 - Catawiki

              Il est mobilisé le 31 août 1914 et incorporé le 13 septembre au 269ème Régiment d'artillerie. Sous le commandement du Lieutenant Colonel CHARDON, son certificat de bonne conduite note « il a été maintenu pendant deux mois, sans aucun répit, sur un champ de bataille où se sont livrés des combats très durs et il a largement contribué au succès des opérations qui ont obligé l’ennemi  à battre en retraite. Par le courage et l’esprit de sacrifice des cadres et de la troupe, s’est   acquis  la  confiance  de  L'infanterie et les éloges des Troupes alliées. Le soldat de 2ème classe Pascaut a participé aux opérations de juin et juillet 1918 ».  Il a refusé toutes les médailles, la seule qui lui a été remise, il ‘l’a jeté dans une mare en regagnant son domicile. Pour lui, ce n’était pas un honneur d’avoir été obligé de tuer.

   mariage Adrien et Marcelle mariage 22 novembre 1917 2

Pendant  la guerre de 1914, Il se marie le 22 novembre 1917, avec Marcelle Bourcy.

Dans les années 1918/1920.

En rentrant de la Grande Guerre,  il entreprend des études à l'Institut Normal Électrotechnique de Paris et il décroche son diplôme d'Ingénieur électricien le 21 septembre 1920. Le diplôme en poche, Il postule auprès de la ville de St. Just en Chaussée comme responsable des Services des eaux de la Ville, son contrat stipule qu'il gagnerait 6.000 francs par an et qu'il serait logé, c'est dans cette maison en plein champ que sa fille a vu le jour le 25 mai 1922.

Service des eaux

  Le 15 avril 1926, il dépose au Greffe du Tribunal de Commerce, une déclaration d'inscription au Registre du Commerce, inscrite sous le numéro 178 pour l'année 1926. Il s'installe comme Serrurier, Ferronnier d'Art ; ses parents lui donnent une grande parcelle de terrain qui leur servait de jardin rue du Ban St. Pierre, sur laquelle il fait construire un baraquement dans lequel il logera et commencera son activité.

 

Quelques années plus tard, il achète en face du jardin, deux maisons mitoyennes  avec dépendances à un cousin éloigné Monsieur Edmond Portemer qui est : marbrier. Cette maison donne d'un côté sur la rue du Ban St. Pierre et de l'autre, elle occupe les 15 et 17, rue de Montdidier. N'aimant pas être commandé et ayant un caractère bien trempé,  il travaille seul avec un apprenti Arthur Miné, son épouse de temps à autre l'aide à la perceuse électrique. Son Entreprise devient vite florissante, car partout il y a besoin de reconstruire. Son activité en plus des serrures, c'est aussi la ferronnerie, il excelle  dans les portes et portails en fer forgé, il posséde une voiture et se déplace dans tout le département. L'art déco bat son plein il s'en inspire.

Adrien Pascaut 1949

Pendant la seconde guerre mondiale, trop âgé pour être mobilisé, il continue son activité. En juin 1940, il évacue avec sa famille, son chat et son chien vers Bordeaux, chez ses cousins, ils y restent plusieurs mois et ils ont une vie beaucoup plus calme.

Exode au Bouscat juillet 1940 avec Jean Marie Redon 2

Après quelques mois de tranquillité, ils décident de remonter chez eux. Au moment de partir « Minette » s’est sauvée, après l’avoir recherchée en vain, ils décident de partir sans savoir, que plusieurs mois après à St. Just un matin en ouvrant la porte, elle serait là, maigre, moche, sale et fatiguée ; mais c’est bien Elle, car elle se dirige directement à l’endroit où sa gamelle se trouvait avant leur départ. Petite joie simple de l’amour d’une chatte qui n’a pas oublié sa maison et ses maîtres.

Mais avant ce retour inattendu, le bonheur  de retrouver la maison encore debout, celle des voisins n’y est plus, la leur est en triste état mais ils vont pouvoir reprendre leur vie.

retour d'exode

  Après la seconde guerre mondiale, la paix revenue grand-père, le bonheur retrouvé, il occupe   ses moments libres en jouant de la mandoline. Dans un premier temps il joue sur une mandoline des années 1906, Offerte par son beau-frère italien Pierre Chiari. Très habile de ses mains, il s’en construit une  autre, avec de vieux bidons laissés par les allemands dans sa cour.

47 à la mandoline2

à gauche la fameuse mandoline mode ; "grand-père"

Une famille heureuse un dimanche après-midi de ma jeunesse.

  Il n’a pourtant pas du tout l’oreille musicale, il, arrange ses accords et demande à sa fille de lui rapporter de Paris,  des partitions modernes de la fin des années 40, il s’entraîne avec  tous les succès à la mode de Charles Trenet, Edith Piaf, Tino Rossi.   Au coin du feu les soirées d’hivers sont, simples, agréables, bon enfant ;  mais surtout musicales.

 Étoile des Neiges et Les escaliers de la butte n’ont  plus de secrets pour toute la famille et sans arrêt, les refrains de l’une ou l’autre  se font entendre dans toute la maison. Chaque soir, à l’écoute de son vieux poste de TSF nous écoutons : La Famille Duraton. Chaque matin quand il fait sa toilette il ne loupe pour rien au monde la chronique politique de Geneviève Tabouis. Le dimanche les Chansonniers, sans compter les pièces de théâtre. C’est un curieux de tout, il m'a transmis cette curiosité. Quand mes grands-parents reçoivent à déjeuner certains dimanches grand-père y va  de sa chansonnette à faire pleurer tout le monde. Je me souviens en particulier de deux interprétations de Berthe Sylva : « Les Roses Blanches et Du gris que l’on prend dans ses doigts ». Je ne parle pas de quelques chansons paillardes pas tout à fait pour les oreilles chastes de sa petite fille qui est toujours dans les parages.

 

 Mais, c'est aussi  un coléreux genre soupe au lait. Il n’hésite pas à balancer dans le jardin,  le morceau de viande qui se trouve dans son assiette et qui n’est pas assez tendre à son goût. Ou bien, de retourner l’assiette de soupe sur ma tête si je ne veux pas manger.  Il y a eu aussi, la fessée mémorable parce que je me suis sauvée de l’école quand j'étais en cours préparatoire  (ne vous offusquez pas, c’était d’usage à l’époque de recourir à ce genre de châtiment, je n’en suis pas morte et je ne lui ai jamais tenu rigueur). Mais ce grand-père là, je l’adorai et il ne se passe pas une journée sans que je pense encore à lui. 

première fois à la mer St

ma première fois à la mer 

La mode du fer forgé à l'intérieur des maisons est à son apogée après la seconde guerre mondiale. Dans les années 1950 il se spécialise, dans les rampes et les écrans de salon qui séparent deux pièces. Toutes les maisons bourgeoises de la région en ont été pourvues ; Sa fille et sa petite fille auront le droit chacune en souvenir un beau lampadaire. Il travaillera jusque dans les années 1970. Sans jamais avoir eu une vie de riche, il pouvait dire que sa vie est confortable et lui donne un statut de notable, respectable dans sa petite ville de province. Il terminera ses jours en étant un peu moins aisé, avec une simple  retraite d'artisan,  Il n’a jamais quitté Saint Just en Chaussée. Il nous quittera le 25 juillet 1974 à l'hôpital de Compiègne et Il est enterré au cimetière de sa ville, comme il disait : « sa résidence secondaire ».  Sur sa tombe, il avait apposé de son vivant, une clef représentant sa corporation.

 

 Dans mon cœur reste gravé cette phrase que tout le monde disait :

Ah ! Sacré « Père Pascaut », nous ne l’oublierons jamais.

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